Chaque année, les pros du produit au sens large se font tirer le portrait dans l‘étude LPC (La Product Conf). Le Ticket vous révèle – en exclu – les 10 grands enseignements de sa 4ème édition qui paraît ce 28 novembre. Avec l’analyse d’Amandine Durr (CPO de Back Market) et de Fabrice des Mazery (CPO de TheFork). Alors, faut que tu demandes combien d’augment’ à ton ou ta boss dans quelques jours ?

⌛ 10 minutes de lecture pour décrypter le vrai visage de l’écosystème

Bon, ne tournons pas autour du pot : oui, ce coup de sonde contient comme d’hab’ les grilles de salaire de la profession pour 2022. Et, en prime, il y a cette année une double bonne nouvelle…

Si le suspense est trop insurmontable, tu peux aller au point 10 de cet article ou aux deux tiers de l’étude pour arriver directement à la partie pépettes. Sinon, tu peux continuer à laisser monter la pression tranquillement en découvrant les autres faits marquants de l’écosystème.

1. Étude LPC 2022 : Les femmes (enfin) dans le game

Première (belle) surprise de cette enquête menée par Thiga, le cabinet de conseil et de formation spécialisé en produit : l’écosystème n’a jamais été aussi proche de la parité !

Les femmes sont presque aussi nombreuses que les hommes : 46% VS 52,8 % (contre 38,6% VS 58,6 l’an dernier, on partait de loin). 

parité écosystème product management

“C’est ultra positif ! Étant donné notre place dans l’organisation, ça peut compenser un ratio fondamentalement mauvais dans les métiers tech’, se réjouit Amandine Durr. Ce qui est intéressant derrière la parité, c’est la possibilité d’avoir une plus grande diversité de points de vues et, potentiellement, de mieux répondre aux besoins des utilisateurs de nos produits”.

Bon, on ne veut pas casser l’ambiance mais ajoutons une nuance non négligeable. La parité dans le produit, c’est bien. La parité aux postes de leaders produit, c’est mieux. Selon une étude du collectif Sista et du Boston Consulting Group, on trouve moins d’un quart (23 %) de femmes CPO dans les entreprises du FrenchTech120. Gageons que la parité progressive au produit se répercute naturellement, avec le temps, à l’échelle hiérarchique.

baromètre sista Boston Consulting Group
Source

2. “J’ai un parcours classique, j’ai fait une école de commerce”

On comprend mieux cette phrase souvent entendue dans les podcasts : “J’ai un parcours classique, j’ai fait HEC” ou “Comme tout le monde, j’ai fait une école d’ingénieur”

Les chiffres l’appuient : c’est le bagage des deux tiers des PM et leaders produit (36% commerce, 32 % informatique et ingé pour les PM). 

Conséquence : 9 personnes du produit sur 10 ont au moins un bac+5. 

Etude Product manager

“Il y a quelques années, quand on me demandait comment entrer dans le produit, je disais que je ne savais pas”, avoue Fabrice Des Mazery, qui se félicite aujourd’hui de l’apparition de nombreuses formations pour PM (cf la page des formations sur Le Ticket).

Il est ainsi plus facile de se former initialement, de se reconvertir ou d’opérer un changement de carrière dans le produit. D’ailleurs, presque 20% des PM affirment n’avoir travaillé que dans le produit. 

Travail précédent product manager

Pour Amandine Durr, la diversité ne se résume toutefois ni seulement à la parité, ni au diplôme : “Il y a plein d’indicateurs qui peuvent être intéressants : par exemple si on a passé du temps à l’étranger, le lieu de vie, etc”.

“Côté design, c’est plus surprenant, ajoute Fabrice des Mazery. Les deux tiers des répondants ont fait des études de design. Je pensais trouver plus de gens issus de la sociologie ou de l’ethnologie”.

3. Des métiers produit plus nombreux et mieux compris

Une autre bonne nouvelle de l’étude : la taille des équipes produit a tendance à augmenter. Près de la moitié des répondants (54,1 %) travaillent dans une boîte comprenant au moins 10 profils produit (VS 46,5 % l’an passé). 

Sachant que la taille des entreprises des sondés n’a, elle, pas grandement changé. “Ça en dit long sur comment notre métier s’installe dans les boîtes », se réjouit Amandine.

Profil produit dans les entreprises

Un détail, caché dans une slide, a également attiré l’attention de la CPO de Back Market. À la question “Qu’est ce que vous aimez le moins dans votre métier”, 17% ont répondu : “Que le métier, le rôle du Produit ou du Design soit mal compris”. “C’était 22% l’an dernier. Une baisse notable, qui, j’espère se poursuivra drastiquement en 2023”. 

Motivation product manager

Et devant les 13% qui n’aiment pas faire des specs, Amandine sourit : “J’ai envie de vous dire, cela vient avec le job !”

Mais globalement, les product people de l’enquête sont heureux (même s’ils font des specs’) : près de 70% ont répondu qu’ils aiment ce qu’ils font. Ça nous rend heureux aussi, tiens.

4. Euh… Y’a quelqu’un au bureau là ?

On ne peut pas vous dire qu’on est très surpris, mais ça se souligne quand même : plus personne n’est 100% au bureau chez les gens du produit en 2022. Enfin si, 9 répondants apparemment (!).

Les trois quarts sont sur une organisation du travail hybride, avec deux (34,6 %) ou trois (31,8 %) jours de télétravail par semaine. Mine de rien, le changement est radical par rapport à la période pré-pandémique (91 % n’avait qu’un jour max de télétravail par semaine en 2020 et 76 % en 2021 !)

Télétravail remote baromètre LPC 2022

« Ça a transformé la façon dont on interagit, avec toutes les discussions informelles que l’on perd et des personnes en télétravail qui ont l’impression de manquer des informations, note cependant Fabrice. Avant de se demander : “Est-ce que les outils que l’on a sont suffisants pour communiquer les décisions et s’assurer que tout le monde y ait accès ?”

5. Et les plus grands écosystèmes produit régionaux sont…

Le grand exil dans toutes les villes en France ? Il n’a pas eu lieu a priori. Paris renforce même sa pole position : plus de 70% des boîtes des répondant.e.s s’y trouvent. Est-ce que les gens du produit ont déménagé en province et font des allers-retours sur la capitale ? À vérifier peut-être l’an prochain.

Ce que l’on sait en revanche, c’est que Nantes (5,6 %) perd sa deuxième place au profit de Lyon (6,4 %). Une première dans l’histoire du baromètre. Enfin, on imagine que Lyon fait remonter l’Auvergne-Rhône Alpes au classement (c’est peut-être Aurillac ou Bourg-en-Bresse après tout). 

Ecosystème régional product management

6. Des Product Marketing Managers plus “marketing” que “product”

Ce sont les petits nouveaux de cette édition 2022 : les Product Marketing Managers (PMM). C’est en effet la première fois qu’une section y était consacrée. Bon, naturellement, ce métier émergent est encore loin d’être la norme : plus de la moitié (53,5 %) des répondant.e.s n’ont pas encore ce rôle dans leur entreprise.

Les PMM ne représentent que 4% des participants, soit moins d’une cinquantaine de personnes. Vous l’avez deviné, on n’a clairement pas assez de matière pour tirer des conclusions.

Quand elles font partie du paysage, cela s’apparente à de l’impressionnisme à la Monet, encore un peu flou. Près de la majorité viennent du marketing (46,7 % VS 13,3 % du produit) et sont directement managées par… le marketing. Et non le produit. “C’est la grande peur que j’ai sur les PMM : qu’ils ne fassent pas vraiment de Product marketing, mais plutôt de la génération de leads”, redoute Fabrice.

En attendant d’avoir plus de données (lors de la prochaine étude !), tu peux lire l’experte du sujet, Martina Lauchengco, qu’on a interrogée il n’y a pas si longtemps au Ticket.

Product Marketing Manager baromètre LPC 2022

7. Decathlon fait désormais rêver le monde du produit 

Les Français grignotent de plus en plus le top 10 des boîtes où l’écosystème du produit aimerait travailler. OK, Google domine le classement comme depuis l’origine du baromètre. 

Mais derrière, c’est un beau tir groupé avec Alan, Back Market, Doctolib et BlaBlaCar… sans oublier l’entrée fulgurante de Decathlon (9e) ! Son virage numérique et sa manière de faire du produit très centrée utilisateur a l’air de fonctionner (Si tu avais loupé notre sujet sur la co-création chez Decathlon, c’est par ici). Apple perd un peu de sa superbe et descend à la 7e place (ils étaient à la 2e place l’an dernier)

En France, c’est le quarté de l’an passé dans le désordre. Alan a chipé la première place à BlaBlaCar (4e) et est désormais talonné par Back Market et Docto. Ce qui n’est pas pour déplaire à Amandine Durr : “Alan n’a qu’à bien se tenir”, plaisante-t-elle.

TOP 10 Entreprise où travailler product manager

8. Le management survalorisé au détriment de la contribution individuelle

“Et toi, tu manages combien de personnes ? Zero ? Mais t’as pas envie d’évoluer ?”

Mesurer sa valeur dans la boîte en fonction de la taille de son équipe a l’air d’avoir de beaux jours devant lui. 

“On voit encore des titres de Lead PMs pour des gens qui managent 4 ou 5 personnes. Il y a toujours cette confusion dans le parcours carrière et pas de vraie considération du contributeur individuel”, constate Fabrice des Mazery, qui aimerait demander à ces personnes pourquoi elles sont devenues manager.

Management Produuit

9. Le duo Product Designer / Product Manager renforcé

Tels John Mcclane et Zeus ou Rachel et Monica, le couple PM / PrD s’impose. On trouve aujourd’hui un·e designer par équipe ou pour deux équipes max dans deux tiers des cas (66,5 %), contre 60% l’an dernier.

Product designer

“C’est une vraie pratique, on voit qu’on a a minima des duos, peut-être des trios avec les développeurs”, analyse Fabrice de Mazery. Deux tiers (66,2%) des équipes ont en effet entre 3 et 6 développeurs avec qui travailler. 

10. Étude LPC 2022 : Des salaires en hausse (et pas que pour les hommes)

Ah, on arrive enfin à l’actualisation des rémunérations de l’écosystème ! Certes, on parle de moyenne, mais toujours bon à avoir en tête à l’approche de ton entretien annuel. En intro, on te parlait de deux bonnes nouvelles.

La première. Dans l’étude LPC de l’an dernier, on se disait, blasé, en découvrant les diagrammes : “Un jour, le salaire des femmes dans le produit équivaudra à celui des hommes…” Et bien, il y a du mieux cette année ! En début de carrière, il ne semble plus y avoir d’inégalité… du côté des Product Managers en tout cas.

On précise, car pour les leaders produit, c’est encore la cata… (n’hésitez pas à partager cet article à vos directions Mesdames et Messieurs, pour leur faire prendre conscience du léger souci).

Salaire homme femme product manager Etude LPC 2022

La deuxième bonne nouvelle : les rem’ ont augmenté à tous les niveaux l’an passé. Ça fait plaisir. On est aujourd’hui à un package annuel brut de 45 K pour les PM en début de carrière, entre 55K et 60K avec 4 à 6 ans d’expérience et autour de 75 K pour les responsable produit de ce niveau de seniorité.

Salaire product manager Etude LPC 2022

Notons l’écart non négligeable entre l’île de France (62K de rem’ médiane) et le reste du territoire (55K en PACA, Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, 51K pour les Pays de la Loire).

Salaire produit paris et région

Ajoutons qu’il existe toujours une différence significative entre le produit et le design. “Je suis surpris, reconnaît Fabrice des Mazery. Étant donné la rareté des profils dans le design, je m’attendais à ce que le gap se résorbe”. À moins d’être un designer de plus de 10 ans d’expérience, il y a effectivement de grandes chances que vous gagniez moins que votre alter ego au produit.

On n’a pas oublié une profession là ? Les Product Marketing managers, bien sûr. Qui sont, au passage, au-dessus de la moyenne des designers et PMs en début de carrière (52K pour 0 à 2 ans d’expérience).

Bonus. Allez, juste pour le kiffe…

Crime de lèse majesté. Le Ticket est passé devant Marty dans le classement des newsletters et blogs les plus lus. Avec tout notre respect Dieu (et MERCI les gens !!!). 

Thiga reste au sommet, comme Product Squad du côté des podcasts. Devant Clef de Voûte et The Product Tape (qui fait désormais partie de la famille du Ticket). 

Média product management

Retrouvez l’étude complète ici.