En mai 2022, la sortie du livre Discovery Discipline, dont est issue la méthode de discovery FOCUSED, a fait grand bruit dans notre petit monde feutré du product management francophone. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Enquête sur sa mise en pratique concrète.

13 minutes de lecture et de découvertes (si tu as la discipline d’aller au bout)
 ✉️ Article issu du Ticket n°065

Les 4 chapitres (/ apprentissages) de cet article : 

1. Qui utilise aujourd’hui Discovery Discipline ?
2. Comment ces boîtes ont-elles mis en place Discovery Discipline ?
3. Qu’est-ce qu’apporte concrètement Discovery Discipline ?
4- Quelles sont les limites de Discovery Discipline ?

Un raz de marée. Quiconque dans le monde du produit a fréquenté Linkedin, même sporadiquement, au printemps 2022 n’a pas pu échapper à Discovery Discipline et sa couverture orange. Conférences, podcasts, articles (Le Ticket y compris)… Ses auteurs, Tristan Charvillat et Rémi Guyot, les leaders design et produit de BlaBlaCar, s’affichaient partout. “Le “vous m’avez saoulé” était explicitement défini comme un critère de réussite de cette campagne de com’”, sourit l’ancien Chief Product Officer (CPO) de BlaBlaCar, en interview au Ticket

Un an et demi plus tard, le soufflé est naturellement retombé. Mais qu’en est-il de FOCUSED, l’acronyme qui sert de nom à la méthode de discovery présentée dans le bouquin ? Remisé sur l’étagère à prendre la poussière ou véritablement appliqué au sein des boîtes ? C’est ce que nous avons cherché à savoir.

1. Qui utilise aujourd’hui Discovery Discipline ?

Nous ne prétendons bien entendu pas à l’exhaustivité. Mais, dans le cadre de ce dossier, nous avons interrogé une petite dizaine d’entreprises qui utilisent toutes FOCUSED, à des degrés divers.

Premier constat d’emblée : Discovery Discipline se révèle extrêmement tout terrain. De la startup au grand groupe en passant par la scale-up ou l’agence de conseil, la méthode semble s’appliquer quel que soit le contexte. Un constat rassurant pour les auteurs qui ambitionnent d’en faire “l’équivalent de Scrum pour la discovery”. 

La méthode de Discovery de référence pour Leboncoin, Garantme ou Prestashop

Des boîtes l’ont d’ores et déjà déployé à l’échelle. Le cas le plus notable ? Leboncoin. En janvier 2023, le site de petites annonces (27 millions de visiteurs uniques par mois, 2e site le plus visité de France) en a fait le modèle de référence pour les discovery… de l’ensemble de ses 60 feature teams ! “La mise en place de Discovery Discipline faisait partie de nos OKR cette année”, confie même David Bouard, son design manager, dans cette entrevue au Ticket

Situation similaire chez Garantme, la solution de caution pour les locataires (100 salariés, 4 Product Managers et 4 Product Designers). Emile Karam, son CPO et cofondateur, se rappelle de la vie avant Discovery Discipline : “La delivery est généralement une étape assez cadrée. Mais quand un Product Manager part en discovery, on ne sait jamais vraiment quand il reviendra…”. D’où la mise en place de FOCUSED dès sa sortie, afin d’avoir un processus clairement séquencé.

En exclu pour les lectrices et lecteurs du Ticket, Emile a même accepté de partager son support de formation pour ses équipes en interne, ainsi que son modèle Notion utilisé pour chacune de leurs discovery désormais.

La plateforme pour créer des boutiques en ligne Prestashop (300 salariés dont 40 au produit) l’a également systématisé pour sa grosse dizaine d’équipes produit. “La méthode revêt un énorme avantage : son process est immuable mais les activités à mener au cours des 7 étapes restent libres. Une flexibilité et une simplicité qui facilitent grandement son adoption”, assure Sophie Pilverdier, sa VP Design.

Des initiatives isolées… en guise d’expérimentation avant un déploiement à plus large échelle ?

Dans certaines entreprises, comme le site communautaire de petites annonces Gens de Confiance (1,7 million de membres, 80 salariés dont une dizaine au produit), Discovery Discipline représente une initiative isolée au sein d’une des quatre Feature Teams. “On cherchait à mettre plus de méthodo dans nos recherches”, confie Marine Crespel, sa Senior Product Designer.

Chez Decathlon, FOCUSED n’est semble-t-il systématisé qu’au sein de l’application Decathlon Coach. Mais son Product Manager, Loick Depret, prépare actuellement un retour d’expérience (REX si tu préfères) pour des membres de la direction produit. Avant un déploiement généralisé ?

Une démarche déjà entamée par Nicolas Bonavent, head of UX de Softway Medical, une PME technologique dans le domaine de la santé située à Aix-en-Provence (près de 1 000 salariés, 100 millions de chiffre d’affaires en 2022). Si son équipe agit comme une sorte d’agence design interne (et utilise FOCUSED pour chacun des projets qu’elle suit), lui cherche à convaincre sa direction d’en faire une méthode systématique. 

“Mon argument ? Il est important d’avoir un cadre standardisé pour s’aligner et avoir une référence commune de progression. Personne ne veut avoir une boîte qui avance à deux vitesses”, résume-t-il.

Un intérêt au lancement de projets

La Product Manager Chloé Renault planche, elle, sur une création de boîte, Visence. En juin, elle lit Discovery Discipline dans l’optique de l’appliquer directement à son projet. Une révélation ! Elle se rend compte en effet qu’avec son associée, elles sont en train de partir sur une solution avant même de plonger au cœur du problème qu’elles cherchent à résoudre.

“On voulait faire une solution de cobrowsing pour du support, c’est-à-dire un outil qui permet d’appeler des utilisateurs de Saas B2B complexes, tout en visualisant leur écran, afin de les aider lors du paramétrage ou pour de l’upsell”, explique-t-elle. Une phrase du livre la marque particulièrement : “Vos utilisateurs n’ont aucune envie d’apprendre un nouveau langage, ils veulent juste une solution à leur problème”.

“Quand on parlait de cobrowsing, les gens ne comprenaient pas”, se rappelle en effet Chloé. Grâce au livrable de la 2e étape de FOCUSED, le FUC (pour First Use Case / Le 1er cas d’usage de ton produit), elle fait table rase de sa proposition de valeur. Puis, grâce à des interviews utilisateurs, elle aboutit aux trois fonctionnalités clés de son produit à mettre en avant : 

  • Savoir quand un utilisateur est en ligne 
  • Pouvoir choisir la notification qui va lui être affichée
  • Discuter avec son utilisateur en voyant son écran

“On s’apprête à lancer d’ici la fin de l’année. On verra bien les retours mais, il y a une chose qui est sûre : le produit qu’on décrivait il y a trois mois était clairement un flop avant de naître ! Grâce à Discovery Discipline, on a évité cette mauvaise direction”, assure cette ingé de formation. 

Si tu prends la première lettre de chaque étape, ça fait FOCUSED. Malin.

Pour sa part, Guillaume Commagnac, directeur associé de Tractr, un studio Tech & Product pour startups, basé à Bordeaux et Montréal, utilise la grille FOCUSED pour chacun des nouveaux projets de ses clients. “Dès la première discussion, je leur pose des questions sur leur vision du projet, leur First Use Case, leur proposition de valeur résumée en un tweet… C’est tellement de bon sens que cela fait office d’élixir de vérité à nos yeux”, témoigne-t-il.

“Notre industrie fantasme sur l’innovation disruptive. Discovery Discipline, c’est fait pour faire de l’innovation incrémentale”

Tristan Charvillat, co-auteur de Discovery Discipline

2. Comment ces boîtes ont-elles mis en place Discovery Discipline ?

Place à la pratique concrète désormais. Avec un premier élément d’étonnement. Généralement, les modèles cités dans les bouquins sont adaptés aux réalités spécifiques de chaque entreprise (illustrations avec Shape Up par exemple). Or, dans le cas de FOCUSED, la plupart de nos interlocuteurs ont indiqué l’avoir adopté à la lettre. 

Était-ce du fait que Discovery Discipline soit la photographie de la façon dont BlaBlaCar menait ses discovery à l’époque de la rédaction de l’ouvrage ? “Ce bouquin, ce n’est pas une idée qui devient une pratique. Au contraire, c’est 15 ans de pratique qui deviennent une idée”, rappelle ainsi Tristan Charvillat, son coauteur. 

Ou, tout simplement parce que cette méthode présente des concepts pas forcément nouveaux ? “FOCUSED théorise ce qu’on pouvait faire avant, sans structure associée. Cela donne des noms à des activités déjà existantes chez nous”, atteste ainsi Marine de Gens de Confiance.

À moins que ce ne soit juste qu’une question de temps, du fait de sa sortie relativement récente ?

“Je pars du principe que, avant de commencer à improviser une recette, il faut déjà bien savoir la faire une fois”, confirme David Bouard de Leboncoin.

Avant de préciser : “On a été un peu rigide au début en indiquant qu’on l’appliquerait telle quelle, mais qu’on pourrait itérer quand on aura suffisamment de recul”.

Le séquençage et le caractère systématique plébiscités…

Toujours est-il que les 7 étapes de FOCUSED sont globalement respectées. Une perception partagée par Rémi Guyot, son co-auteur : “Rien que le fait d’avoir des étapes à suivre semble avoir une valeur immense. Nous avons de nombreux témoignages de personnes pour qui la discovery s’apparentait à un open bar géant. Quelque chose de flou et d’improvisé.”

Chez Dougs, l’expert-comptable en ligne, le Product Manager Marc Louet a même réussi à l’imbriquer avec Shape Up, dans les quelques discovery effectuées avec. “L’avant-dernière étape, Execute, correspond à la proposition de Shape, tandis que la dernière, le Decide, s’apparente à la Betting Table”, partage-t-il.

Par ailleurs, et sûrement plus important, la méthode est généralement utilisée à chaque discovery et pas seulement pour les plus gros projets. “Notre industrie fantasme sur l’innovation disruptive. Mais il faut bien voir que tous les produits qui cartonnent fonctionnent par innovations incrémentales pendant des décennies. Regarde l’iPhone. Discovery Discipline, c’est fait pour faire de l’innovation incrémentale”, précise Tristan Charvillat.

“On est sorti de FOCUSED car l’acronyme avait du mal à prendre en dehors du pôle produit”

Capucine Borghese, head of product Lunii

… même si quelques étapes sautent ou changent en cours de route

Les seuls changements entendus ? La suppression de certaines étapes voire la modification de leur ordre. “Les étapes 3 et 4 (Claim et Unfold) dépendent de la fonctionnalité chez nous. Par ailleurs, on ne fait pas le Decide à la fin : c’est déjà statué à ce stade si on passe en production”, cite Elodie Gueho, Product Manager chez Gens de Confiance. 

“Nous, la méthode commence au Claim, la 3e étape, étant donné qu’on a déjà traité les deux premières au préalable”, indique pour sa part Camille Picoux, Lead Product Designer chez Prestashop. L’entreprise associe en effet Discovery Discipline à Continuous Discovery, l’ouvrage de Teresa Torres (on vous racontera ça cette semaine dans un article publié sur Linkedin).

Loick de Decathlon Coach se montre aussi plus nuancé sur la première étape (Frame) qui consiste notamment à établir, d’emblée, un indicateur clé de succès pour sa discovery. “À ce stade précoce, cela peut trop restreindre les solutions qu’on peut envisager. Par conséquent, on s’oblige à ne pas avoir qu’un seul critère ici.”

Il faut se rendre du côté de Lunii, la boîte qui produit la conteuse pour les enfants La Fabrique à histoires (ou le baladeur Flam, cf notre podcast) pour trouver un exemple de village rebelle qui a vraiment tordu le modèle. “On est sorti de FOCUSED car l’acronyme avait du mal à prendre en dehors du pôle produit. On a mis des noms plus concrets”, explique Capucine Borghese, sa Head of Product.

En résumé, le principe des étapes reste mais avec des noms, un ordre voire des concepts différents : 

1- Cadrage (idem à Frame)

2- Discovery exploratoire (semblable à Observe)

3- Analyse de marché (ressemble à l’étude de l’état de l’art existant de Steal)

4- Mapping (idem à Unfold)

5- Documentation et déconstruction, autrement appelé la… Pinata !

Ce rituel original nous a beaucoup plu (et n’a rien à voir avec Discovery Discipline). Le parcours utilisateur envisagé est présenté à des parties prenantes (équipe relation clients par exemple) qui doivent en déceler la moindre faille… donc, naturellement, le démonter parfois. D’où ce nom de Pinata ! (“On met notre égo de côté et on s’en prend plein la gueule”, rigole Capucine)

6- Discovery évaluative (présentation des maquettes aux utilisateurs)

Pinata : sale temps pour les licornes – Source : Unsplash

3. Qu’est-ce qu’apporte concrètement Discovery Discipline ?

Place aux bénéfices de la méthode Focused. Parmi notre dizaine d’interlocuteurs, personne n’est revenu en arrière ni s’est montré négatif sur la méthode.

Toutefois, alors que l’on s’attendait à entendre comme bienfaits la conception de meilleurs produits ou la réduction des risques de mise en production (le but d’une discovery, en principe), nos interviews nous ont plutôt révélé que l’impact majeur de Discovery Discipline réside… en termes d’organisation interne.

L’alignement

“L’apport numéro 1, c’est l’alignement, atteste ainsi Mathias Frey, design manager de Leboncoin au moment de la mise en place de FOCUSED. Cette méthode nous a clairement permis de mieux nous accorder sur ce qu’on allait produire.” 

Une observation partagée par Marc de Dougs : “C’est un vrai outil pour faire de la gestion de parties prenantes. Comme on est sur une méthode chronologique en entonnoir, tout le monde peut visualiser l’avancée de la discovery et suivre pourquoi on aboutit à telle ou telle décision finale”. 

“On parle tous la même langue, ajoute pour sa part Camille de Prestashop. Avant, il y avait une telle disparité dans les façons de procéder qu’il n’était pas simple d’identifier les dépendances et de se comprendre entre équipes”. “D’autant que les livrables sont faciles à appréhender pour l’extérieur”, conclut Elodie de Gens de Confiance.

“Cette trame permet de mieux doser ton temps de créativité et de t’assurer que tu n’as oublié aucune question”

Camille Picoux, Prestashop

Une implication plus claire et plus en amont des autres équipes

Qui dit meilleure transparence, dit également plus grande implication potentielle des parties prenantes. Un des grands écueils en général de la Discovery. “Pour nous, le gros changement, c’est qu’on arrive à engager très en amont les personnes en dehors du produit, si ce n’est dès le départ d’une discovery”, ressent Capucine de Lunii.

“Grâce aux étapes, on sait désormais quand impliquer le marketing, les commerciaux ou le design”, corrobore Emile Karam. Par exemple, chez Garantme, les Product Managers sont responsables du rythme global de la discovery mais pas de chaque activité. 

Du côté de Decathlon Coach, Loick Depret lance la première étape (Frame) avec son binôme au Design. Puis planifie tout le processus, en animant lui-même les quatre étapes suivantes. Avant de passer le relais au Product Designer pour les étapes 6 et 7, notamment pour la construction fonctionnelle.

“Cela donne une visibilité concrète aux personnes qui suivent l’actualité du projet. Les développeurs sont par exemple plus au fait des recherches qui ont débouché sur nos décisions”, estime-t-il.

Nicolas Bonavent parle, lui, d’un support de clarification chez Softway Medical. Le marketing et l’équipe d’avant-vente notamment n’ont plus l’impression d’une promesse déçue lors de l’émergence de la solution finale.

Une cadence qui donne un rythme autant qu’une sécurité

“Bordel”, “chaos”, “impro totale”, “yolo”… Voici certains termes utilisés par nos interlocutrices et interlocuteurs pour décrire leur discovery auparavant.

“De ce point de vue, Discovery Discipline est un repère aussi bien qu’un chemin”, témoigne Guillaume Commagnac.

L’une de ses grandes valeurs ajoutées ? L’apport d’un cadre structuré, ordonné et rassurant. “Cette trame permet de mieux doser ton temps de créativité et de t’assurer que tu n’as oublié aucune question”, affirme Camille de Prestashop. 

C’est en réalisant l’étape Unfold (visualisation des points de contact de son produit) que Chloé de Visence s’est, par exemple, rendue compte qu’il manquait un module de démonstration à son produit. “Il y avait une cassure dans le parcours entre ceux à qui on vend le produit et ceux qui vont l’utiliser, surtout s’ils n’ont pas accès à une équipe de développeurs”, explique-t-elle. Désormais, les utilisateurs finaux ont accès à un espace simplifié fictif de Vicense, même s’ils ne sont pas encore clients. 

Leboncoin a déployé Discovery Discipline auprès de ses 60 équipes produit – Lire l’article – © RP RIBIERE

“Le fait de pouvoir cadencer des périodes dans mon agenda m’a également aidé à mieux gérer mon temps entre delivery et discovery”, complète Loick de Decathlon Coach. “C’est d’autant plus important que, quand on travaille dans le produit, on est sans cesse sujet aux bruits (dette technique, injonction de parties prenantes etc.), ce qui affecte la qualité de la prise de décision”, certifie Nicolas Bonnavent. Quand FOCUSED permet de garder le focus…

Plus important encore aux yeux d’Emile de Garantme : la capacité désormais à planifier une Discovery… et à dire quand elle se termine ! Une mécanique qu’il a d’ailleurs dupliqué pour la delivery, avec un processus en 6 étapes, nommé SPARKS (dont on vous reparlera dans Le Ticket).

“Je ne saurais le quantifier mais on sent que, pour toutes ces raisons, Discovery Discipline améliore la qualité du delivery”, résume Sophie de Prestashop. 

“La méthode apporte de la discipline dans ta discovery… mais encore faut-il savoir faire de la discovery !”

Emile Karam, CPO Garantme

4- Quelles sont les limites de Discovery Discipline ?

Cependant, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes avec FOCUSED. Déjà, comme pour toute méthode, son déploiement ne se mène pas sans provoquer des frustrations. 

“On a clairement sous-estimé l’importance de la conduite du changement lors de sa mise en place”, se rappelle ainsi Camille de Prestashop. “Cela ne s’adapte pas à mon périmètre”, “C’est du micro-management”, “Cela ajoute des contraintes”… Autant de retours qu’il a fallu contrebalancer avec les bénéfices potentiels de Discovery Discipline.

Un des premiers feedbacks négatifs entendus chez Leboncoin ? La méthode est “overkill” (trop lourde). “Sauf que le temps est un faux argument, répond Mathias Frey. Tu peux passer 5 minutes sur chacun des livrables si tu es sûr de toi et que tu penses t’être posé les bonnes questions. À partir du moment où tu as le choix des activités pour arriver à tes livrables, cela reste assez flexible.” 

Discovery Discipline nécessite au préalable… de s’y connaître en discovery !

“La méthode apporte de la discipline dans ta discovery… mais encore faut-il savoir faire de la discovery !”, ajoute également Emile, le CPO de Garantme. Dit autrement : si tu ne sais pas mener une entrevue utilisateur, identifier une opportunité business ou, tout simplement, effectuer les activités proposées dans le livre, Discovery Discipline n’entraînera que de la frustration. 

Easy to play, hard to master” (facile d’y jouer, difficile de le maîtriser) synthétise Nicolas de Softway Medical.

“Le mécanisme, avec des activités à chaque étape, s’avère relativement simple à comprendre, précise-t-il. Mais la phase de convergence, afin de prendre des décisions radicales, se révèle bien plus complexe”. 

C’est tout le piège : compréhensible ne veut pas dire facile. Plusieurs personnes interviewées ont avoué avoir sous-estimé la montée en compétences nécessaire pour des membres de leurs équipes.

Autre difficulté évoquée : le choix des bonnes activités à effectuer pour aboutir au livrable de chaque étape. “À vouloir faire un trop grand nombre d’activités, on a doublé notre temps imparti pour notre première discovery avec la méthode FOCUSED”, se souvient Élodie de Gens de Confiance. “Il n’est pas toujours évident en effet de trouver les bonnes activités”, confirme Loick de Decathlon Coach.

Une méthode à ne pas prendre comme un révélateur stratégique

Ce dernier pointe également une autre limite à garder à l’esprit : Discovery Discipline n’aide pas à choisir les sujets qu’il convient de lancer en discovery. “Rien ne dit qu’en étape 1, on part sur un projet qui va apporter le plus de valeur. Il convient d’utiliser d’autres méthodes en amont”, détaille-t-il.

Un avertissement mentionné aussi par Mathias Frey : “Ce n’est pas un outil d’aide à la décision stratégique. Discovery Discipline ne va pas te dire si tu es dans la bonne direction.” Avant d’ajouter : “Ce n’est pas une critique, ce n’est tout simplement pas le but de l’ouvrage !”

Pour aller plus loin sur le sujet :